En effet, la canicule n’affecte pas seulement les humains, mais aussi les animaux de la ferme. Pendant ces périodes, ils ressentent la chaleur et perdent souvent leur appétit. Par conséquent, leur production diminue, voire ils risquent même de décéder.
Jason Poissant, de la ferme laitière et de grande culture J.C. Poissant à Saint-Philippe, a rapporté avoir perdu une vache et deux veaux en raison des fortes chaleurs en juillet. Il se réjouit maintenant que les nuits soient plus fraîches.
« Une vache a fait une crise cardiaque, son cœur a lâché », explique-t-il. « De plus, j’ai eu deux vaches qui ont avorté, probablement pour préserver leur propre survie. »
Pourtant, l’agriculteur n’avait pas observé ce phénomène depuis l’époque où il laissait ses animaux dans les pâturages. Pendant les quatre dernières années, son bétail est maintenu à l’intérieur pour plusieurs raisons.
« Parfois, j’en perdais même lorsque la chaleur n’était pas aussi intense », se souvient-il.
Cet été, malgré son système de ventilation, il a eu du mal à maintenir un courant d’air suffisant à plusieurs reprises.
« Ma ventilation fonctionnait à plein régime et la température atteignait 35 degrés Celsius », mentionne-t-il, soulignant qu’il n’avait jamais rencontré une telle situation auparavant.
À quelques reprises, Jason Poissant a utilisé un tuyau d’arrosage pour rafraîchir ses 50 vaches et leur offrir plus de confort. Cependant, malgré ses efforts, la production de lait de ses vaches a diminué et n’est jamais revenue à son niveau antérieur. Au plus bas, il estime avoir subi une baisse de 21 % de la production laitière.
Les cultures de maïs, de soja, d’orge et de foin de Jason Poissant ont également souffert de la canicule.
« Actuellement, l’orge atteint seulement mes genoux, alors qu’à la même période l’an dernier, elle me parvenait jusqu’au nombril », compare-t-il.
Sa première coupe de foin a été relativement bonne comparée aux deux suivantes, qui se sont avérées catastrophiques. Elles ont été cinq fois moins abondantes.
Des poules touchées
Pour sa part, Michel Provost, propriétaire de la ferme Agribec à Saint-Constant, qui détient 25 000 poules pondeuses, estime que sa baisse de production d’œufs a atteint environ 10 % au plus fort de la canicule. « En plus de produire moins d’œufs, les poules ont pondu des œufs plus petits parce qu’elles mangeaient moins », explique-t-il, ajoutant qu’il devra également faire face à des bénéfices réduits.
« On est équipé pour faire entrer l’air de dehors, mais il n’y a rien à faire quand l’air de dehors est à 35 degrés Celsius. »
Cet été, il a fait chaud comme jamais dans son poulailler et le système de ventilation ne suffisait pas à la tâche. Quelques poules ont péri. «Le thermomètre affichait 96 degrés Fahrenheit (35 Celsius), je n’avais jamais vu ça!» raconte-t-il.
Des douches pour les chevaux
Copropriétaire des Écuries Valkyr à Saint-Philippe, Mélissa Schneider raconte que les 45 chevaux de l’établissement ont bénéficié de douches fréquentes pour les aider à supporter la canicule, ainsi que d’électrolytes et de suppléments dans leur nourriture. De plus, des ventilateurs ont été utilisés pour stabiliser la température dans l’écurie. « Ce sont des chevaux de compétition et on en prend soin comme s’il s’agissait d’athlètes. On évitait l’entraînement l’après-midi, pour privilégier le matin ou le soir. Au niveau de leur énergie, elle ne semblait pas du tout affectée par la chaleur », remarque-t-elle.
Baisse de production jusqu’à 20%, selon l’UPA
L’Union des producteurs agricoles de la Montérégie estime que la canicule de juillet a entraîné une baisse de production de 10 à 20 % pour ses membres. Quant au bilan de la mortalité animale, il faudra attendre la fin de la saison pour obtenir des chiffres précis. Cependant, l’UPA constate que les animaux les plus vulnérables sont, comme chez les humains, les nouveau-nés, les individus âgés et ceux dont la santé est fragile. Pour atténuer les effets de la chaleur, certains agriculteurs installent des brumisateurs lorsqu’ils rénovent leurs installations ou optent pour des toits blancs qui absorbent moins de chaleur solaire.